Challenge #3

Écrire un texte qui contiendra obligatoirement ces cinq phrases : “Y a plus de saison”, “tel père, tel fils”, “faut pas pousser mémé dans les orties”, “Noël au balcon, Pâques au tison”, “les chiens aboient, la caravane passe”.

Vint le jour de Noël 2026, où le thermomètre en Europe grimpa à 26 °C, évènement dont, dans bien des familles, on s’empara avec reconnaissance pour éviter à table les sujets qui fâchent. L’oncle facho délaissa les réfugiés pour vomir sur la météo. Ça commença par des “y a plus de saison”, puis on enchaîna par des “Noël au balcon, Pâques au tison”, sans vraiment être certain si les vieux proverbes de la campagne allaient nous être d’une aide quelconque dans les mois à venir, vu que les cerisiers et les pommiers, dont les feuilles venaient tout juste de tomber, bourgeonnaient à nouveau, pleuraient de la sève et perdaient leurs branches.

« Faut pas pousser mémé dans les orties, dit mon père. Si ça se trouve, la nature va s’adapter et on aura des fraises toute l’année. »

Ça, c’était mon père tout craché : indécrottable optimiste, éternel rêveur, rien dans les bras et tout dans la tête. On dit que je lui ressemble; tel père, tel fils.

Avec le recul, nous savons maintenant que ce fut notre dernier Noël ensemble. Ce fut une fête de famille tout ce qu’il y a d’ennuyeux, mais que voulez-vous, on ne se refait pas. Au moins il y avait à manger et nous étions encore tous en vie. Quand ma mère apporta la dinde et que je me servis le plus gros morceau, tout le monde rit en disant que j’avais les yeux plus gros que le ventre, expression soit dit en passant que je ne comprenais pas quand j’étais petit. Il me semblait que « avoir les yeux plus gros que le nombril » aurait été plus approprié.

Tiens. Les chiens aboient. Dehors, une caravane passe. Je vous laisse. On va aller piller.

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Missive de la Grande Prêtresse des Bains d’Anaphore…